Légende ardennaise au Xème siècle
Source : J-M Doucet, « Hubert d’Ardenne », Ed. Musée en Piconrue, 2011
En ce temps-là, deux gentilshommes des Ardennes s’étaient rendus pour goûter le plaisir de la chasse dans la forêt avoisinant l’abbaye de Saint-Hubert.
Leurs veneurs ayant battu le pays sans trouver trace de gibier, ils se souvinrent que saint Hubert avait été chasseur avant de se consacrer au service de Dieu et de l Eglise et ils firent vœu de lui offrir, en manière d’ex-voto, le premier animal qui tomberait entre leurs mains. Presqu’aussitôt, leurs chiens lancèrent un sanglier d’une taille énorme. Après quelques unes des ruses habituelles à ses pareils, le sanglier conduisit la meute auprès du monastère et s’arrêta comme s’il avait voulu se livrer volontairement.
Le chef des veneurs, émerveillé de la grosseur de l’animal, au lieu d’exécuter la promesse qui avait été faite de l’offrir à saint Hubert, donna à haute voix l’ordre de l’emporter. On vit alors le sanglier, comme s’il avait été indigné d’être soustrait à sa pieuse destination, se relever, passer entre les chiens et disparaître aux yeux des chasseurs confus.
Depuis lors, il y eut chaque année au jour consacré pour la fête de saint Hubert de grandes chasses auxquelles prit part la noblesse du pays. Les prémices de cette journée étaient consacrées au saint ainsi que la dixième partie du gibier pris dans le courant de l’année.